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Pendant – 02 – Le temps du sevrage : devenir ex-fumeur

Défumeur, stoppeur, ex-fumeur. Des stades dans le sevrage pour quitter vraiment le tabac fumé.

Ex-fumeur ou stoppeur ?

Robert Molimard, médecin-tabacologue et fondateur avec Gilbert Lagrue de la tabacologie en France, explique bien 3 stades dans le sevrage :

– Les ex-fumeurs :
…. » Il y a ceux qui ont beaucoup travaillé sur eux-mêmes, ont parfois accumulé les tentatives d’arrêt infructueuses, se sont exercés comme avec des kilomètres se conduite accompagnée, et qui ont fini par admettre profondément qu’ils « ne pourront jamais contrôler l’INCONTRÔLABLE ». Ceux –ci sont vraiment « mûrs » pour arrêter. Ils se détachent sans peine de la cigarette, comme un fruit tombe de l’arbre quand c’est le moment. Ils résistent facilement aux réflexes d’en allumer une et prendront même rapidement l’habitude de ne plus ressentir le besoin lorsque des signaux extérieurs, l’arrivée du café, la pause, une réunion avec des amis faisaient auparavant monter une vague de désir. Ce sont des Ex-fumeurs, ils le savent souvent dès le premier jour.
– Les stoppeurs :
Il y a ceux qui n’ont pas encore réglé tous leurs comptes avec le tabac. Ce sont des « Stoppeurs », encore en démarche d’arrêt, bien que ne fumant pas. Ils n’ont pas encore bien appris. Il leur faudra, par répétition, apprendre à vivre sans tabac toutes les situations qui appelaient à fumer. Ça viendra vite pour celles qu’on rencontre tous les jours, mais si c’est la cigarette qu’on fume lors d’une sortie une fois par semaine, ils ne se sentiront pas confortables avant 6 mois. Mais le temps renforce la confiance en soi, et beaucoup deviendront aussi des ex-fumeurs heureux.
Les stoppeurs malheureux :
Mais parmi ces stoppeurs, il y a ceux qui, dans le fond d’eux-mêmes, pensent encore qu’il y aurait un espoir de contrôler leur consommation. Car le rêve de tout fumeur, c’est de s’arrêter tout en continuant. Tant qu’il y a au fond de la tête l’idée qu’en se mettant au cigare le dimanche, qu’un jour quand on sera bien vieux on en reprendra une, le ver est dans le fruit. On ne fume pas. Mais c’est au prix d’un long combat épuisant contre soi-même….. On n’est pas un ex-fumeur. Pour le devenir, on peut parier qu’il faudra parfois une reprise de cigarette pour vérifier que cette idée de contrôle est une impasse. »

Mettre du sens sur ses envies

Si on réfléchit bien, on peut tous faire une liste sur le « pourquoi je fumais, à quoi elle me servait la cigarette ».
D’ailleurs, c’est souvent en ne fumant plus qu’on se rend compte à quoi nous servait la cigarette. Là où elle était il nous faut inventer de nouvelles façons de faire, de se comporter, de ressentir.
Pour les envies de fumer c’est un peu pareil. Passées les premières semaines qui sont, on le sait tous, pas toujours faciles, des vagues d’envies peuvent arriver, parfois même à des moments où on était tranquille depuis des semaines. Et boum, ça arrive. Fort. On se dit « c’est pas possible, j’étais à peu près bien depuis tant de temps, et voilà ces envies là qui re-déboulent, mais ça s’arrête quand??? ».
Et c’est là que le travail de défume peut vraiment se consolider, et faire en sorte que les envies, elles ne reviennent plus. Comme dans ces témoignages que vous pouvez lire « je n’y pense plus, j’ai vécu des trucs pas faciles sans penser au tabac. Je suis hors tabac ».
Donner sens c’est comprendre, et comprendre c’est vider de sa force Tentation, c’est lui enlever la capacité d’y revenir.
Bien sur, quand on est submergé par une envie de cloper, on ne réfléchit pas à « pourquoi j’ai envie », on est dans l’envie, voire on est envie, parce que plus rien d’autre ne compte.
Mais quand la vague est passée, il est important de trouver sens à ce que l’on a vécu.
Alors, cela peut être de la fatigue, ou une circonstance exceptionnelle, genre je me suis tombée en panne et j’ai les boules graves, ou je me suis disputé(e) fort et je ne suis pas bien.
Là, c’est facile de donner sens. On fait le lien, et, du coup, si ces circonstances là se reproduisent, on les aura déjà vécues sans fumer, il y aura apprentissage, et on aura des envies bien moins fortes, voire plus du tout.
Faire l’effort de chercher, c’est aussi faire en sorte que ces envies là ne reviennent plus.
Cela peut être très assez évident : oh, oui, tiens, j’ai vu, en passant, une dame qui clopait en terrasse, et ça m’a sans doute fait envie.
Mais le plus souvent, c’est lié à une émotion.
On le sait: on fumait aussi pour étouffer nos émotions, même des micro émotions, avant même qu’elles parviennent à la conscience, on les bâillonnait de façon à ne pas les ressentir, à coup de fumées.
C’est comme ça que les envies de fumer en défume, passées les premières semaines, sont souvent la conséquence d’une émotion dont on n’a pas toujours la conscience. Cela peut être une déception, une tristesse, une joie, une humiliation, même petites, celles que l’on passe sans s’y attarder dans la vie.
Cela peut être une angoisse, même légère, cela peut être une solitude ou, au contraire, le besoin de s’isoler. Là où on fumait, et là où on ne fume plus.
Cela peut être aussi beaucoup plus intime dans nos histoires de vies. Ces chagrins ou souffrances d’il y a longtemps, d’il y a parfois même très longtemps, que l’on avait pris l’habitude de masquer, pour ne plus en souffrir, et que la cigarette a contribué à garder « au fond de soi ».
Défumer, c’est changer, et parfois avoir la force de laisser sortir ce qui nous minait en dedans, sans que l’on en ait obligatoirement conscience. La clope paravent. La clope qui emplit pour ne plus sentir le vide, ou les souffrances. La clope béquille à vivre.
Comprendre d’où vient une envie de fumer, prendre ce temps là de mettre du sens, ça permet d’être plus fort, ça permet aussi de repérer ces moments là plus fragiles, et liés à la clope.
Cela permet aussi de mieux se connaitre, de savoir là où on a mis un cataplasme en paquets de 20. Cela permet de mieux se respecter, et aussi, sans doute, de se faire mieux respecter. C’est dire, se dire, là où on se taisait, là où on étouffait.
C’est aussi apprendre à devenir plus fort, en soi, pour soi, pour sa vie, pour son histoire à soi : défumer ce n’est pas simplement arrêter de tirer sur des cigarettes, c’est pour cela que c’est parfois si difficile, voire si douloureux pour certains d’entre nous.
La prochaine fois qu’une envie de cloper arrive, n’oubliez pas de vous demander ce qu’elle vient faire là. Donnez lui du sens: c’est la meilleure façon qu’elle ne revienne plus. C’est la meilleure façon d’avoir prise sur elle.
C’est une super occasion de rencontrer quelqu’un de bien: vous- même!

Pour aller plus loin

Vidéo « mettre du sens sur ses envies »